Et si nous abordions Alzheimer autrement, avant l’apparition des symptômes ? L’actrice Julianne Moore remet le sujet au centre du débat en s’engageant dans la campagne Brain Health Matters de Eli Lilly, dédiée à la prévention et au dépistage précoce. Son rôle oscarisé dans Still Alice (2015), où elle incarnait une femme touchée par une forme précoce de la maladie, a forgé son engagement.
Aujourd’hui, elle plaide pour des conversations plus tôt avec nos médecins et des habitudes de vie qui protègent notre cerveau.
Pourquoi évoquer Alzheimer dès aujourd’hui ?
Une maladie fréquente — pas uniquement après 65 ans
Les chiffres américains donnent l’ampleur du phénomène : environ 7,2 millions de personnes de 65 ans et plus vivent avec Alzheimer, et près des deux tiers sont des femmes. Plus méconnu : environ 200 000 personnes de moins de 65 ans sont concernées par des démences à début précoce. Ce n’est donc pas seulement une maladie de grand âge, et c’est une raison de plus pour agir tôt.
Un désir de connaître son statut plus tôt
Près de 4 personnes sur 5 souhaiteraient connaître leur statut avant les premiers signes, selon des sondages américains. Cette attente rejoint l’appel de Julianne Moore : parler du risque, demander une évaluation cognitive et adopter des habitudes protectrices le plus tôt possible. Le dépistage précoce ne guérit pas, mais il aide à planifier, à intervenir sur les facteurs modifiables et à accéder plus vite aux soins appropriés.
Prévenir au quotidien : les gestes qui ont prouvé leur effet
Bouger, bien manger et suivre sa santé
- Activité physique régulière : soutien de la santé cardiovasculaire et du cerveau.
- Alimentation : les modèles méditerranéen et MIND — riches en légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes, poissons et huile d’olive — sont associés à un meilleur vieillissement cognitif.
- Suivi des maladies chroniques : contrôle de la tension, du diabète, et correction des pertes auditives ou visuelles qui peuvent accélérer le déclin.
Stimuler le cerveau pour renforcer la réserve cognitive
L’éducation tout au long de la vie et les activités mentalement stimulantes contribuent à la réserve cognitive. Cela ne rend pas invulnérable, mais peut retarder l’expression des symptômes. Exemples d’activités régulières :
- Lire ou suivre des cours
- Apprendre une langue
- Jouer d’un instrument
- Résoudre des problèmes au travail ou en loisirs
Astuce pratique : caler 20 minutes par jour pour un défi cognitif simple, comme un podcast en langue étrangère pendant la marche.
Entretenir les liens sociaux
Le lien social protège : l’isolement et la dépression augmentent le risque de déclin cognitif. Entretenir des relations, participer à des activités de groupe et demander de l’aide en cas de coup de blues, c’est aussi prendre soin de son cerveau. Idées simples : un appel à un proche, une association locale, une chorale — la constance compte plus que la perfection ➡️
Oublis normaux ou signaux d’alerte ?
Le vieillissement cognitif habituel
Se tromper de mot, oublier un nom puis s’en souvenir plus tard, chercher ses clés de temps en temps : ces petites frictions cognitives sont fréquentes avec l’âge. Elles deviennent préoccupantes quand elles se répètent, s’aggravent et impactent la vie quotidienne : gérer ses comptes, suivre un itinéraire familier, s’organiser au travail, tenir des rendez‑vous. La trajectoire compte plus que l’incident isolé.
Écarter d’autres causes avant d’évoquer Alzheimer
Un trouble de la mémoire n’est pas synonyme d’Alzheimer. La dépression, l’apnée du sommeil, une consommation excessive d’alcool, un diabète mal équilibré, certaines carences nutritionnelles ou infections peuvent provoquer des symptômes similaires. Bonne nouvelle : beaucoup de ces causes sont réversibles ou traitables.
D’où l’intérêt d’une évaluation médicale complète quand un doute persiste.
Dépistage et suivi : étapes pratiques
Quand consulter et que demander
Parlez‑en tôt à votre médecin traitant si vous avez des inquiétudes ou des antécédents familiaux, même sans symptômes. Demandez une discussion sur le risque, un examen clinique et, si besoin, un test cognitif de base pour disposer d’un point de référence. Chez les personnes plus jeunes présentant des signes atypiques, le dialogue est tout aussi légitime.
Que comprend une évaluation cognitive
Elle combine entretien, examen physique et tests standardisés (mémoire, attention, langage, fonctions exécutives). Selon le contexte, des bilans complémentaires peuvent explorer le sommeil, le métabolisme, l’audition, la vision ou l’imagerie. L’objectif n’est pas seulement d’étiqueter, mais d’identifier des leviers d’action.
Un suivi régulier permet de comparer dans le temps et d’ajuster les décisions.
Lever les freins : coût, accès, stigmatisation
La peur du diagnostic, le coût ou le manque de spécialistes freinent encore. Commencez par la médecine générale : elle peut trier et orienter vers une consultation mémoire, un neurologue ou un neuropsychologue. Renseignez‑vous aussi sur les ressources locales, associations de proches et programmes de prévention.
Parler tôt réduit la stigmatisation et améliore l’accès aux filières de soins ✅.
Stars et laboratoires : sensibilisation utile ou simple marketing ?
Les bénéfices d’une campagne visible
Quand une figure comme Julianne Moore s’engage aux côtés d’un laboratoire dans Brain Health Matters, l’attention du public augmente. Cela normalise la conversation, encourage le dépistage précoce et peut orienter vers des informations structurées. L’impact est réel : plus de monde s’informe et consulte, plus tôt.
Les limites et conflits potentiels
La visibilité des célébrités peut aussi écraser les nuances. Le risque : confondre sensibilisation et promesse thérapeutique, ou minimiser les limites de certains tests et traitements. Les partenariats avec l’industrie exigent transparence sur les objectifs, le financement et les messages.
C’est la condition pour maintenir la confiance.
Comment rester un citoyen informé
Conservons le bénéfice des campagnes, mais vérifions les sources et diversifions nos lectures. Discutons avec nos médecins avant toute décision et demandons les avantages, risques et alternatives. Enfin, rappelons‑le : la génétique pèse davantage au sein des formes à début précoce, tandis que l’histoire personnelle et les habitudes de vie comptent souvent au moins autant, plus tard dans la vie.
L’engagement de Julianne Moore prolonge le message de Still Alice : parler, comprendre et agir tôt. Et si vous faisiez, dès cette semaine, un pas concret pour votre santé cérébrale : planifier trois marches, ajouter des légumes verts au dîner, appeler un ami et poser une question à votre médecin ? Qu’est‑ce qui vous semble le plus facile à essayer en premier, aujourd’hui même ? 👇