Prévention cardiovasculaire : quel premier chiffre vérifier cette semaine pour vous protéger ?

1 octobre 2025
Rédigé par Anna

Curieuse, bienveillante et à l’écoute, j'aime partager des contenus accessibles, documentés et inspirants pour aider chacun à mieux comprendre son corps, son esprit, et les liens qui les unissent. 

On entend souvent “il a fait un infarctus sans prévenir”. Et si cette idée reçue nous égarait? Une analyse massive de données en Corée et aux États‑Unis montre un constat simple et dérangeant: la quasi‑totalité des personnes victimes d’un événement cardiovasculaire majeur avaient, avant, au moins un facteur de risque à un niveau non optimal.

Dans cet article, nous verrons ce que cela change pour notre prévention au quotidien, avec des repères concrets et des conseils applicables.

Pourquoi l’idée du “sans facteur” ne tient pas — les preuves

Ce que révèle l’étude KNHIS en Corée

En 2009, 9,34 millions d’adultes dépistés ont été suivis pendant en moyenne 13,3 ans. Plus de 99% des personnes qui ont ensuite eu un infarctus, un AVC ou une insuffisance cardiaque présentaient au moins un facteur non optimal au‑delà des zones considérées comme protectrices par American Heart Association. Le terme clé est « non optimal » : il ne s’agit pas forcément d’une maladie déclarée, mais de chiffres déjà supérieurs aux cibles recommandées.

Le miroir américain: cohorte MESA aux États‑Unis

La cohorte MESA a suivi 6 803 adultes pendant près de 17,7 ans. Même scénario: l’immense majorité des événements ont touché des personnes qui n’étaient pas au sein des “bons” chiffres. Ce résultat vaut quel que soit l’âge ou le sexe, ce qui renforce le message de prévention.

Non optimal n’est pas “malade” : comprendre les seuils

Avoir une tension à 130/85 mmHg, un LDL “un peu haut” ou une glycémie au‑dessus de l’idéal n’est pas toujours un diagnostic formel d’hypertension, d’hypercholestérolémie ou de diabète. Pourtant, ces niveaux “juste au‑dessus” s’additionnent et pèsent lourd sur le risque. Même en durcissant les seuils, 90 à 95% des cas présentaient encore au moins un facteur non optimal.

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Autrement dit, l’alerte commence avant la déclaration d’une maladie.

Les risques qui pèsent le plus

Tension artérielle : le signal prioritaire

La pression artérielle élevée ressort comme le premier signal. Entre 93% et 96% des personnes ayant eu un événement majeur avaient une tension au‑dessus de la plage idéale. Une tension “limite” et persistante fatigue les artères, favorise l’athérosclérose et prépare le terrain aux accidents.

  • Mon conseil pratique : un tensiomètre à domicile, deux mesures le matin et le soir, une fois par semaine.
  • Consignez les valeurs dans un carnet ou une application pour suivre la tendance.

Cholestérol et glycémie : signaux précoces

Le cholestérol non optimal était présent chez environ 71% à 85% des cas selon les cohortes. Chaque point de LDL en plus compte sur le long terme. La glycémie suit la même logique : environ 73% à 78% en Corée et 54% à 60% aux États‑Unis avaient une régulation du sucre au‑dessus des cibles idéales.

Le pré‑diabète n’est pas anodin ; il augmente déjà le risque cardiovasculaire.

Tabac : l’empreinte du passé

Le tabagisme, actuel ou passé, concernait presque une personne sur deux à deux sur trois selon les populations (environ 48% à 68% en Corée ; 54% à 63% aux États‑Unis). Arrêter reste l’un des leviers les plus puissants pour réduire rapidement le risque. Même après l’arrêt, il faut parfois des années pour atténuer l’empreinte du tabac, d’où l’intérêt d’agir tôt.

Prévenir plus tôt pour mieux protéger

Objectifs simples à viser au quotidien

Visez le trio gagnant : tension basse et stable, LDL contrôlé, glycémie au sein de la zone verte, et pas de tabac. Voici des repères pratiques :

  • 150 minutes d’activité modérée par semaine.
  • Assiette riche en fibres, légumes, légumineuses, poissons gras, peu d’ultra‑transformés et moins de sel.
  • Contrôles : 2 à 3 fois par an pour tension et poids ; bilan sanguin (cholestérol, glycémie) tous les 1 à 3 ans si vos résultats précédents étaient bons.
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👇 99% des événements survenaient chez des personnes avec au moins un facteur non optimal : mieux vaut agir avant que la maladie ne s’installe.

Quand le mode de vie n’est pas suffisant

Parfois, malgré une bonne hygiène de vie, les chiffres restent trop hauts. C’est alors que les traitements prennent leur sens : antihypertenseurs, statines pour le LDL, ou médicaments ciblant la glycémie. L’objectif n’est pas de multiplier les médicaments, mais d’atteindre des niveaux réellement protecteurs sur la durée.

La décision partagée avec votre médecin, la tolérance et la simplicité du schéma constituent la bonne équation.

Un suivi qui change la trajectoire

Le risque augmente quand plusieurs curseurs sont mal réglés. Au sein de la base coréenne, plus de 93% des personnes avaient au moins deux facteurs non optimaux, et 42,8% cumulaient tension, cholestérol, glycémie et tabac. Un plan de suivi coordonné aide à casser ce cumul :

  • Objectif chiffré et personnalisé.
  • Rendez‑vous programmés et contrôles réguliers.
  • Un petit tableau personnel pour visualiser les progrès — une amélioration modeste et régulière l’emporte sur une « cure » brève.

Aspects à ne pas négliger

Inégalités et environnement : choisir n’est pas toujours possible

Pourquoi tant de personnes vivent‑elles avec des chiffres hors cible? L’accès aux soins, le coût des médicaments, le temps disponible, l’offre alimentaire locale et la sécurité des espaces pour bouger pèsent lourd.

Une prévention efficace doit reconnaître ces réalités et adapter les solutions : dépistage sur le lieu de travail, remboursements facilités, marchés de producteurs, pistes cyclables. La santé cardiovasculaire est aussi une question d’équité.

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Abaisser les seuils : prévenir plus ou surmédicaliser?

Élargir la définition des niveaux non optimaux augmente le champ d’action préventif. Faut‑il traiter plus tôt et plus largement, ou risquons‑nous une surprescription? La réponse tient dans l’équilibre : privilégier d’abord des changements soutenables, mesurer les bénéfices individuels, puis introduire un traitement si le risque cumulé reste élevé.

La transparence sur les coûts, les effets indésirables et les bénéfices attendus aide à décider sereinement.

À retenir et comment agir

Le message des données, sans alarmisme

La maladie ne surgit pas de nulle part : elle s’enracine dans des chiffres « un peu trop hauts » qui s’additionnent au fil des années. La robustesse des résultats, en Corée comme aux États‑Unis, renforce ce constat. Bonne nouvelle : cela nous donne une marge de manœuvre bien avant l’alerte rouge.

Votre mini‑plan des 90 prochains jours

  • Marcher 30 minutes cinq jours par semaine.
  • Ajouter deux portions de légumes par jour et remplacer une portion de viande par des légumineuses.
  • Mesurer votre tension à domicile chaque semaine et noter les valeurs.

✅ Si l’un de vos marqueurs reste au‑dessus des cibles, prenez rendez‑vous : un ajustement précoce vaut des années de protection. ➡️ L’objectif n’est pas la perfection, mais une trajectoire claire vers les zones idéales.

La vraie surprise n’est pas que le cœur “trahit” sans prévenir ; c’est qu’il envoie des signaux faibles, longtemps, et que nous pouvons les corriger. Nous avons intérêt à traiter le « presque » dès aujourd’hui plutôt que la maladie demain. Et vous, quel est le premier chiffre que vous allez vérifier cette semaine : tension, cholestérol, glycémie… ou la date de votre prochain rendez‑vous de prévention?

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