Nicotinamide 500 mg : réduire réellement le risque de nouveaux cancers cutanés ?

26 septembre 2025
Rédigé par Anna

Curieuse, bienveillante et à l’écoute, j'aime partager des contenus accessibles, documentés et inspirants pour aider chacun à mieux comprendre son corps, son esprit, et les liens qui les unissent. 

La nicotinamide, un dérivé de la vitamine B3, suscite de plus en plus d’intérêt pour la prévention des cancers de la peau. Faut‑il y voir une vraie avancée ou un simple effet de mode? Nous passons au crible les nouvelles données, leurs implications concrètes et comment en parler avec votre médecin.

Promesse de l’article :

  • Comprendre les résultats de la dernière grande étude
  • Savoir à qui ce complément pourrait profiter et à quelle dose
  • Identifier ce qui reste incertain et les points à discuter avec votre médecin

Preuves récentes : grande analyse observationnelle

Bénéfices mesurés — avec nuances

Le 17 septembre, une étude parue dans JAMA Dermatology a analysé les données de plus de 33 000 vétérans américains. Les chercheurs ont observé une association entre l’utilisation de nicotinamide et une baisse d’environ 14 % du risque de futurs cancers cutanés non mélanomes, notamment les carcinomes basocellulaires et spinocellulaires. Autrement dit, chez ces patients suivis en pratique courante, ceux qui prenaient de la nicotinamide développaient un peu moins de nouveaux cancers.

Le signal le plus net concerne les personnes ayant commencé la nicotinamide après un premier diagnostic de cancer cutané : leur risque d’un nouveau diagnostic a diminué de plus de moitié, un résultat qui retient l’attention des dermatologues, en particulier pour les patients déjà à haut risque.

Une pièce supplémentaire dans l’ensemble des preuves

Cette analyse observationnelle complète un essai clinique randomisé publié en 2015 chez 386 participants, qui montrait déjà une réduction des nouveaux cancers cutanés avec la nicotinamide. La nouveauté ici est l’échelle : des dizaines de milliers de personnes, donc plus de puissance statistique, mais sans pouvoir établir formellement la causalité.

Pourquoi rester prudent? Parce que les études rétrospectives restent exposées à des biais : exposition solaire différente, suivi variable, adhérence au traitement difficile à mesurer, etc. On gagne en nombre mais pas toujours en certitude.

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Mécanismes biologiques plausibles

De l’UV au NAD+ : soutenir l’énergie cellulaire

La biologie propose une explication crédible. La nicotinamide est un précurseur du NAD+, une molécule clé pour l’énergie cellulaire.

L’exposition aux UV épuise les réserves d’ATP et de NAD+ dans la peau. Reconstituer ce « carburant » aiderait les cellules à mieux tolérer les agressions solaires et à limiter l’accumulation des dommages favorisant l’apparition de tumeurs.

En restaurant ces voies énergétiques, on soutient le métabolisme des kératinocytes, ces cellules de l’épiderme qui, exposées de façon chronique, peuvent évoluer vers un carcinome. Ce scénario est cohérent avec l’épidémiologie et les effets observés en clinique.

Réparation de l’ADN et immunosurveillance locale

Outre l’énergie, la nicotinamide semble améliorer la réparation de l’ADN lésé par les UV, un point central pour limiter les mutations oncogènes. Elle contribuerait aussi à préserver l’immunosurveillance locale et à réduire l’inflammation cutanée, deux leviers connus pour freiner la formation de tumeurs liées au soleil.

Ce faisceau de mécanismes n’établit pas l’efficacité, mais le rend biologiquement plausible — souvent la différence entre une simple association statistique et une piste thérapeutique.

À qui et comment proposer la nicotinamide

Posologie étudiée et importance de la continuité

La dose la plus documentée est de 500 mg deux fois par jour, avec un usage régulier sur le long terme. ➡️ Sans cette constance, l’effet observé dans les études a peu de chances d’apparaître. Si vous en discutez avec votre médecin, c’est le schéma qui possède le plus de données disponibles.

Précautions, sécurité et interactions

La nicotinamide est un complément peu coûteux et, selon les experts, une option intéressante chez les personnes à risque élevé, notamment après un premier carcinome cutané non mélanome. Chaque situation reste cependant spécifique : parlez‑en à votre dermatologue ou à votre médecin traitant, surtout si vous suivez d’autres traitements, avez une maladie chronique ou un système immunitaire affaibli.

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Ne pas oublier : les règles essentielles de photoprotection

La nicotinamide ne remplace pas les mesures essentielles de prévention. ✅ Conservez le trio gagnant :

  • Écran solaire à large spectre, tous les jours
  • Vêtements couvrants et chapeau
  • Limiter l’exposition aux heures les plus intenses

Ajoutez des examens cutanés réguliers et l’autosurveillance des lésions suspectes : c’est cette combinaison qui protège le mieux sur le long terme.

Ce qui reste à éclaircir

Limites méthodologiques et biais possibles

La grande étude récente est rétrospective : elle repose sur des prescriptions et des dossiers médicaux, pas sur la mesure directe de l’observance. Des facteurs confondants — par exemple des comportements solaires plus prudents chez les utilisateurs — peuvent modifier l’effet apparent. La population étudiée était majoritairement masculine et âgée, ce qui restreint la généralisation à d’autres profils.

Point important : les résultats chez les personnes immunodéprimées (par exemple après une transplantation) sont restés mitigés, alors que ces patients sont souvent à très haut risque de carcinome spinocellulaire. Des essais randomisés ciblés sur ces groupes sont nécessaires pour décider si la nicotinamide doit être intégrée à leurs protocoles de prévention.

Priorités pour les populations à haut risque

La question centrale pour les recommandations est la suivante : a‑t‑on assez de preuves pour inclure la nicotinamide dans les lignes directrices chez les patients à haut risque? Aujourd’hui, la réponse est plutôt « pas encore ». Les données sont encourageantes, surtout après un premier cancer, mais restent incomplètes.

Concrètement, de nombreux dermatologues proposent la nicotinamide en adjuvant, au cas par cas, chez les patients ayant déjà eu un carcinome basocellulaire ou spinocellulaire. En attendant des essais plus robustes et diversifiés, c’est une approche raisonnable : profiter d’un complément potentiellement utile sans relâcher la protection solaire ni le suivi dermatologique.

Notre avis et la marche à suivre

Ce que nous ferions à votre place

Si vous avez déjà eu un cancer cutané non mélanome, discuter de 500 mg de nicotinamide deux fois par jour avec votre médecin paraît pertinent. Posez des questions concrètes : durée d’essai, modalités de suivi, bénéfice attendu et signes d’alerte éventuels. Pour un risque plus modéré, la priorité reste d’optimiser la photoprotection et le dépistage; la nicotinamide peut être envisagée ensuite, si votre professionnel de santé l’estime appropriée.

Ce que la recherche devra trancher

La prochaine étape consiste en essais randomisés plus larges, incluant davantage de femmes, de sujets plus jeunes et de personnes immunodéprimées. Il faudra aussi mieux mesurer l’adhérence réelle et comparer le rapport coût‑bénéfice selon les profils de risque. Ce travail permettra de décider si la nicotinamide rejoint officiellement la boîte à outils de prévention du cancer de la peau.

En attendant, gardez le cap : un soleil respecté, une peau protégée et des décisions partagées avec des soignants qui vous connaissent. Et vous, seriez‑vous prêt à intégrer la nicotinamide à votre routine de prévention, si votre dermatologue vous la proposait?

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