Et si un spray nasal en vente libre aidait à réduire les infections respiratoires, y compris la COVID‑19 ? C’est la promesse, prudente mais réelle, d’un essai clinique publié en ligne dans JAMA Internal Medicine.
Les résultats suggèrent qu’un antihistaminique bien connu, l’azélastine (Astepro/Astelin), pourrait diminuer le risque d’infection confirmée, tout en restant globalement bien toléré. Voyons ce que montre l’étude, comment l’utiliser avec bon sens, et où se situent les limites.
Résultats clés de l’essai clinique
Conception et protocole — méthode en bref
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Essai de phase 2 randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, mené auprès de 450 adultes en bonne santé (18–65 ans).
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Comparaison : spray d’azélastine 0,1 % versus placebo, sans que les participants sachent quel produit ils recevaient.
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Schéma principal : une pulvérisation par narine, trois fois par jour, pendant 56 jours; passage à cinq fois par jour pendant trois jours en cas de symptômes ou d’exposition élevée.
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Dépistage : tests antigéniques bi‑hebdomadaires, avec confirmation par PCR en cas de positivité.
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Centre principal : Saarland University Hospital (Allemagne).
Résultats principaux — chiffres clés
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COVID‑19 : 2,2 % d’infections confirmées par PCR dans le groupe azélastine contre 6,7 % sous placebo (réduction relative d’environ 69 %).
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Rhinovirus : réduction ≈ 71 % par rapport au placebo (effet élargi aux “rhumes”).
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Délai moyen avant infection : 31 jours avec azélastine vs 19 jours avec placebo.
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Durée moyenne de positivité antigénique : 3,4 jours avec azélastine vs 5,1 jours avec placebo.
Tolérance et effets indésirables
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Effets le plus souvent légers.
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Goût amer : 9,3 % avec azélastine vs 1,3 % avec placebo.
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Saignements de nez : 6,6 % vs 4 %.
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Fatigue et somnolence possibles → éviter l’alcool et les sédatifs lors de l’utilisation.
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Événements graves rares et non attribués au spray.
Quand l’utiliser (et quand s’abstenir)
Usages ciblés et temporaires
Des cliniciens proposent un recours ponctuel : voyages, environnements à forte exposition, ou premiers symptômes d’un rhume. L’objectif n’est pas un traitement prolongé mais d’ajouter une couche de protection quand le risque de transmission est élevé. L’azélastine est disponible sans ordonnance (Astepro/Astelin), ce qui facilite cet usage ciblé.
Ce que le spray ne remplace pas
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Ne remplace pas la vaccination contre la COVID‑19 ni les autres mesures de santé publique.
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La quasi‑totalité des participants était déjà vaccinée (médiane : trois doses) → l’effet s’ajoute à une immunisation préalable.
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Rappel : mise à jour vaccinale, ventilation, hygiène des mains, et port du masque dans les contextes appropriés restent prioritaires. ✅
Précautions pratiques
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Respectez la posologie et lisez l’étiquetage.
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En cas d’épistaxis fréquente ou de chirurgie nasale récente, consultez votre médecin avant usage.
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Évitez l’alcool et les sédatifs pendant l’utilisation ; si somnolence, évitez la conduite. ➡️
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L’essai a inclus des adultes 18–65 ans en bonne santé : données insuffisantes chez les personnes âgées, les enfants ou certains cas avec comorbidités.
Limites de l’étude et besoins futurs
Limites méthodologiques
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Taille modeste et essai conduit principalement sur un seul site (Saarland University Hospital), ce qui limite la généralisation.
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Population relativement homogène (≈ 66 % de femmes, 93 % de personnes blanches) → nécessité de données plus diversifiées.
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Contexte vaccinal majoritaire chez les participants : incertitude concernant l’effet chez des personnes non vaccinées ou avec une autre immunité.
Ce qu’il reste à étudier
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Essais plus vastes, multicentriques et incluant des populations variées pour confirmer la taille de l’effet.
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Détermination de la durée optimale d’utilisation et de la reproductibilité sur d’autres virus respiratoires.
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Données additionnelles attendues pour guider des recommandations formelles.
Questions fréquentes sur l’azélastine
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Quelle posologie a été étudiée ?
Une pulvérisation par narine, trois fois par jour pendant 56 jours ; passage à cinq fois par jour pendant trois jours en cas de symptômes ou d’exposition. Spray d’azélastine 0,1 % (formulation courante d’Astepro/Astelin).
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Comment les infections ont‑elles été détectées ?
Deux tests antigéniques hebdomadaires ; toute positivité confirmée par PCR. L’azélastine a retardé le temps moyen jusqu’à l’infection (31 vs 19 jours) et raccourci la durée moyenne de positivité antigénique (3,4 vs 5,1 jours).
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Que faire en cas de goût amer ou de saignement de nez ?
Goût amer fréquent mais bénin (≈ 9,3 %). Respectez la technique d’application et demandez conseil au pharmacien.
En cas d’épistaxis répétée, stoppez l’utilisation et consultez un médecin. En cas de somnolence, évitez la conduite et les activités à risque ➡️
Un antihistaminique nasal en vente libre qui réduit certaines infections respiratoires, y compris la COVID‑19, représente une perspective intéressante lorsqu’il est utilisé en complément des protections établies. Les données de cet essai randomisé indiquent un bénéfice tangible avec un profil de sûreté connu, mais elles restent préliminaires et issues d’une cohorte limitée.
Ma recommandation : considérer l’azélastine comme une couche supplémentaire, ponctuelle et raisonnée, sans relâcher les mesures éprouvées. Et vous, l’utiliseriez‑vous lors d’un vol ou d’un événement bondé, en plus de votre stratégie de prévention actuelle ?