Introduction
Qui n’a jamais envisagé un régime pour retrouver la ligne avant l’été ou pour se sentir mieux ? Mais derrière les calories que l’on compte fébrilement, une réalité un peu moins réjouissante peut se cacher. Une récente étude d’envergure, parue dans BMJ Nutrition, Prevention & Health, met en lumière un fait important : les régimes à faible apport calorique – particulièrement chez les personnes en surpoids – seraient associés à un risque accru de dépression.
Pour le meilleur ou pour le pire ? Voici ce que les données indiquent.
Un lien établi entre restriction calorique et dépression
Analyse scientifique sur plus de 28 000 personnes
La méthodologie utilisée s’appuie sur les données de plus de 28 000 participants du sondage américain NHANES, réalisé entre 2007 et 2018.
Le niveau de dépression a été mesuré avec le questionnaire PHQ-9, une méthode fiable et répandue. Le résultat apparaît clair : les sujets suivant un régime hypocalorique, ou qui limitaient certains nutriments (lipides, protéines, etc.), présentaient des scores de dépression nettement plus élevés.
Symptômes principalement concernés
Le lien entre régime et moral ne concerne pas tous les symptômes de la même manière. La restriction calorique affecterait surtout les signes cognitifs et affectifs comme la tristesse, la perte d’intérêt et les difficultés de concentration.
En revanche, le manque de certains nutriments serait lié à des symptômes somatiques, notamment la fatigue, les troubles du sommeil et la baisse d’énergie.
Ainsi, tous les types de mal-être ne partagent pas les mêmes causes selon la nature de la diète.
Pourquoi la privation influence-t-elle l’humeur ?
Mécanismes psychologiques importants
L’essentiel semble tenir à l’aspect psychique. Les spécialistes en santé mentale insistent : considérer certains aliments comme « mauvais » ou « interdits » favorise une baisse de l’estime de soi. Ce type de jugement induit du stress, parfois de la honte et de la culpabilité en cas de craquage.
Cette situation risque d’entraîner un rapport déraisonnable à la nourriture et à l’état d’esprit. Un cercle vicieux s’installe : frustration, perte de contrôle, rechute, remords…
Risques de carences : rôle du corps dans l’équilibre mental
Limiter fortement les calories ou certains nutriments comporte un risque concret de carences. Or, plusieurs éléments jouent un rôle direct dans le bien-être psychologique :
- Protéines : nécessaire à la fabrication des neurotransmetteurs
- Fer : prévient la fatigue et l’irritabilité
- Vitamine D : contribue à la régulation de l’humeur
Des apports insuffisants sur la durée favorisent l’anxiété, l’irritabilité et parfois de véritables troubles dépressifs.
Régimes restrictifs : pour qui, combien, comment ?
Besoins énergétiques recommandés pour rester en forme
En l’absence de pathologie particulière, la plupart des femmes adultes nécessitent environ 1 600 kilocalories par jour pour maintenir leur poids, tandis que ce chiffre s’élève à environ 2 000 kilocalories pour les hommes.
Une descente trop importante en dessous de ces seuils peut compromettre la santé, surtout sur le long terme. Des restrictions périodiques et contrôlées peuvent se justifier, mais une privation continue demeure difficilement supportable et peu souhaitable.
Culture du régime et influence des réseaux sociaux
Dans notre société actuelle, la pression à la minceur, renforcée par des plateformes comme Instagram, crée un climat anxiogène. Plus on souhaite correspondre à un certain idéal, plus on risque de tomber dans ce système de restriction alimentaire… et ainsi voir apparaître un mal-être.
Bien souvent, ces régimes répondent davantage à une exigence sociale qu’à un réel besoin médical. Le rapport au corps devient alors un enjeu profond plutôt qu’une question simple à résoudre par la restriction.
Alternatives pour une alimentation saine… sans piège
Favoriser une alimentation équilibrée et durable
Les experts s’accordent sur un point : une alimentation équilibrée et régulière prime sur toute approche basée sur la restriction. Certaines bonnes pratiques se détachent :
- Manger varié
- Privilégier des aliments non transformés
- Mettre en avant les fruits, légumes, protéines de qualité et bons lipides
Il n’est pas nécessaire d’éliminer un groupe d’aliments. La clé réside dans un mode de vie soutenable, sans frustration ni carence.
La méthode “mindful eating” ou alimentation consciente
La notion de mindful eating propose une approche débarrassée de tout jugement moral à propos des aliments. Cette méthode incite à écouter ses sensations de faim et de satiété.
Ses pratiques comprennent notamment :
- S’informer avant de manger et vérifier la faim réelle
- Manger lentement, savourer chaque bouchée et s’arrêter dès que la satiété apparaît
- Rejeter toute diabolisation d’un aliment
Cette approche diminue le stress lié à l’alimentation et augmente le plaisir, ce qui améliore le moral.
Aliments favorisant positivement le moral
Certains aliments participent activement au soutien du cerveau et de l’humeur. Ils incarnent une piste prometteuse via l’axe intestin-cerveau.
Parmi eux :
- Poissons riches en oméga-3 (sardine, maquereau, saumon)
- Produits fermentés (yaourt, kéfir, kimchi)
- Fruits à coque
Ces aliments méritent une consommation régulière.
Accompagnement et prévention : rôle central des professionnels
Importance d’un suivi avec un(e) diététicien(ne)
Avant toute modification importante des habitudes, consulter un(e) professionnel(le) de la nutrition apparaît indispensable. Face aux nombreuses tentations des régimes à la mode, cet accompagnement permet d’élaborer un plan personnalisé, adapté et bénéfique pour le moral.
En particulier, pour les personnes présentant un terrain anxieux ou dépressif, cette aide protège des excès de restriction et de leurs effets délétères.
L’éducation alimentaire comme prévention des troubles
La dépression liée à certains régimes se trouve aussi aggravée par un déficit d’information sur la nutrition. Promouvoir une meilleure connaissance de l’alimentation, à l’école et dans les médias, contribue à prévenir de nombreux troubles.
La tentation de restreindre fortement ses calories peut paraître efficace pour perdre du poids rapidement. Cependant, ce choix expose au risque d’un impact négatif sur le moral. Il convient de favoriser l’équilibre alimentaire, l’écoute de soi et l’accompagnement par des professionnels. La réflexion sur son rapport aux régimes ouvre la voie à un meilleur bien-être général.